×
2017-geranien-vintage-03-1

Du cap de Bonne-Espérance au monde entier : le voyage triomphant du géranium

Le très populaire géranium, qui du point de vue botanique devrait être appelé pélargonium, est la plante estivale par excellence. Avec sa floraison abondante, cette plante facile d’entretien transforme les balcons, les massifs et les terrasses d’Europe en de magnifiques océans de couleurs. Le géranium n’est pas seulement un symbole mondial de résistance et de beauté, il représente également un sentiment d’appartenance à son pays.

Les Suisses sont même allés plus loin, puisqu’ils ont élu le géranium comme plante nationale. Pourtant, cette charmante dulcinée est en réalité une plante exotique. Le géranium est originaire des régions tropicales du sud de l’Afrique. À partir du cap de Bonne-Espérance, il a embarqué au XVIIe siècle pour un voyage triomphant à travers le monde.

L'Afrique du Sud : le berceau des géraniums

L’Afrique du Sud abrite plus de 250 espèces sauvages de Pelargonium, dont environ 50 poussent dans la région de la montagne de la Table. Certains géraniums sont également nés en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Iran et en Irak, mais les variétés ne sont pas si nombreuses qu’en Afrique du Sud. De par leur forme, la plupart des espèces sauvages ont peu en commun avec les variétés que nous utilisons aujourd’hui. Par exemple, certaines variétés prennent la forme d’épais arbustes pouvant atteindre deux mètres de hauteur, tandis que d’autres sont des plantes vivaces aux tiges succulentes poussant dans des environnements chauds et secs. Ces dernières peuvent atteindre une hauteur d’un mètre et possèdent souvent des tiges épaisses et charnues qui leur servent de réservoir d’eau.

Du cap de Bonne-Espérance à Leyde, aux Pays-Bas

On ignore où et quand les premiers géraniums sont arrivés en Europe. Une chose est sûre : en 1672, de nombreuses espèces sauvages de géraniums ont été amenées d’Afrique du Sud à l’université de Leyde, aux Pays-Bas. En 1652, les Néerlandais avaient déjà établi une base au cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud, qui servait de base de ravitaillement pour les bateaux de la compagnie néerlandaise des Indes orientales. En 1672, Paul Hermann, un botaniste et médecin allemand qui exerçait à bord des navires néerlandais, a profité d’une brève escale au cap de Bonne-Espérance pour étudier la flore au pied de la montagne de la Table. Entre autres nombreuses plantes florissantes, il y a découvert le géranium et a décidé d’embarquer plusieurs spécimens pour les importer aux Pays-Bas. Les plantes ont fait preuve d’une incroyable résistance et sont sorties indemnes de ce long voyage. En conséquence, dix espèces différentes de géraniums ornaient déjà les jardins botaniques de la ville de Leyde en 1686.

Le voyage triomphant du géranium

À partir de Leyde, ces beautés exotiques se sont propagées dans divers jardins botaniques des Pays-Bas. Au XVIIIe siècle, elles poussaient dans de nombreux jardins botaniques à travers l’Europe. La noblesse et les riches citadins ont découvert ces charmantes fleurs et les ont cultivées dans leurs jardins et serres. Dès le début, on confondait déjà le pélargonium et le géranium. Il a fallu attendre la fin du XVIIIe siècle pour que le nom de « pélargonium » soit attribué à ce genre botanique. Néanmoins, même aujourd’hui, le terme correct de « pélargonium » est encore peu utilisé pour remplacer le nom de « géranium ». Au XIXe siècle, les géraniums fleurissaient dans toute l’Europe. Par conséquent, d’innombrables variétés ont été développées, avec un éventail de différentes couleurs, formes de croissance et formes de feuilles. En 1826, l’almanach des plantes de Weimar, intitulé « Hortus Belvederanus », listait 352 variétés de géraniums et espèces hybrides.

La mondialisation du géranium

Aujourd’hui, la culture et la production de géraniums est une activité mondiale en plein essor. De multiples nouvelles variétés sont produites chaque année. À l’heure actuelle, il existe plus de 500 variétés différentes, dont la plupart sont attribuables à une partie infime des 280 espèces sauvages connues. Dans les serres d’Éthiopie, du Kenya, du Mexique et du Guatemala, les plantes mères des géraniums modernes se propagent grâce au climat ensoleillé de ces régions. Tous les ans, des millions de boutures sont récoltées à partir de ces plantes mères, avant d’être expédiées par avion dans divers pays où elles sont cultivées puis commercialisées dans des pépinières et jardineries.

Aujourd’hui, 500 millions de géraniums sont vendus chaque année rien qu’en Europe, et leur succès semble être intarissable.